Les douleurs abdominales chroniques sont un motif fréquent de consultation médicale. Contrairement aux douleurs aiguës qui apparaissent soudainement et se résolvent rapidement, ces douleurs persistent pendant plusieurs semaines, voire des mois. Leur impact sur la qualité de vie peut être important, nécessitant une évaluation approfondie pour identifier leur origine et définir une stratégie de prise en charge adaptée.
Qu’entend-on par douleurs abdominales chroniques ?
Les douleurs abdominales chroniques se définissent par une gêne ou une douleur persistante dans la région abdominale, durant généralement plus de 3 à 6 mois. Elles peuvent être localisées, ciblant une zone précise comme l’hypochondre droit (foie ou vésicule biliaire) ou l’épigastre (estomac), ou diffuses, ressenties dans l’ensemble de l’abdomen. La douleur peut être intermittente ou constante, variant en intensité ou survenant par crises.
Les causes des douleurs abdominales chroniques
Ces douleurs peuvent être associées à de nombreuses affections, réparties en grandes catégories :
- Causes digestives
- Syndrome de l’intestin irritable (SII) : trouble fonctionnel courant, caractérisé par des douleurs abdominales accompagnées de diarrhées, de constipation ou des deux.
- Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) : telles que la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique, causant des douleurs, diarrhées et parfois du sang dans les selles.
- Ulcère gastrique ou duodénal : douleur brûlante, souvent exacerbée par les repas ou soulagée temporairement par l’alimentation.
- Reflux gastro-œsophagien (RGO) : brûlures d’estomac irradiant parfois vers l’abdomen.
- Causes gynécologiques
- Endométriose : présence de tissu endométrial en dehors de l’utérus, causant des douleurs pelviennes chroniques.
- Kystes ovariens ou maladie inflammatoire pelvienne.
- Causes urinaires
- Infections urinaires chroniques : brûlures et douleurs récurrentes.
- Calculs rénaux : douleurs lombaires irradiant souvent vers l’abdomen.
- Causes musculaires ou neurologiques
- Hernie abdominale : provoque une douleur lors d’efforts ou de mouvements.
- Névralgie abdominale : irritation ou lésion des nerfs abdominaux.
- Causes métaboliques ou systémiques
- Diabète : peut entraîner une neuropathie abdominale.
- Porphyrie ou autres maladies rares : symptômes abdominaux associés à des désordres métaboliques.
Les symptômes associés
Les douleurs abdominales chroniques peuvent s’accompagner de ballonnements, gaz ou sensation de ventre gonflé, nausées ou vomissements, troubles du transit (diarrhée, constipation ou alternance des deux), fièvre, perte de poids ou fatigue persistante, signes nécessitant une attention médicale urgente.
Le diagnostic : une étape clé
- Anamnèse détaillée
- Le médecin interroge le patient pour comprendre la localisation, l’intensité et la nature de la douleur (brûlure, crampe, sensation de torsion), les facteurs aggravants ou soulageants (repas, position, médicaments), et les antécédents médicaux et familiaux.
- Examens cliniques et complémentaires
- Examens biologiques : recherche de signes d’infection, d’inflammation ou d’anomalies métaboliques.
- Imagerie médicale : échographie abdominale, scanner ou IRM pour visualiser les organes.
- Endoscopie : permet d’explorer l’estomac, le côlon ou l’intestin grêle.
- Tests spécifiques : intolérances alimentaires, infections parasitaires ou tests respiratoires pour détecter Helicobacter pylori.
Traitements des douleurs abdominales chroniques
Le traitement dépend de la cause identifiée et peut inclure :
- Approches médicamenteuses
- Antispasmodiques : pour réduire les crampes abdominales.
- Probiotiques : pour restaurer l’équilibre de la flore intestinale.
- Anti-inflammatoires ou immunosuppresseurs : dans les MICI ou l’endométriose.
- Inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) : pour soulager les douleurs liées à l’acidité gastrique.
- Changements dans le mode de vie
- Alimentation adaptée : éviter les aliments déclencheurs (épices, graisses, produits fermentés). Dans le SII, une diète pauvre en FODMAP peut être bénéfique.
- Activité physique régulière : améliore le transit intestinal et réduit le stress.
- Gestion du stress : par la relaxation, le yoga ou la thérapie cognitive et comportementale.
- Interventions chirurgicales ou spécifiques
- Traitement des hernies, kystes ou calculs rénaux.
- Chirurgie dans les cas sévères d’endométriose ou de MICI.